-
livre: motifs raisonnables
je vous présente aujourd’hui «motifs raisonnables», un petit livre québécois de Clément de Gaulejac. cet artiste est un affichiste connu bien que son nom l’est sans doute moins.
vous vous souvenez du printemps érable, 2012? vous vous souvenez des affiches de cette période? plusieurs étaient de Clément. les visuels que l’on voit en ce moment pour la cause de la culture au québec, c’est toujours lui.

ce qui est brillant dans cet ouvrage est le rappel sur une partie de notre histoire récente. en un peu plus de 230 pages, chaque affiche est mise en contexte par l’artiste avec quelques précisions très instructives. que l’on parle de la production du matériel, de l’ambiance générale, de la violence de la police ou des actions du gouvernement, etc, tout y est pour mieux comprendre. on y trouve des photos aussi, ce qui rend l’utilisation des affiches réelle. j’ai adoré!

il faut parcourir ce petit livre de la maison d’édition Écosociété imprimé en rouge et noir. il est rare de pouvoir revenir sur une période de notre vie sociale en image d’une si juste façon.
-
artiste émergent… c’est quand au juste?
je vous propose ce matin un article (en anglais) où on se pose la question sur ce qu’est au juste un artiste émergent?
l’artiste Damien Davis en parle ici. il y a quelques années une bourse lui a été refusée parce qu’il était sept jours trop vieux selon les spécifications que s’était données l’organisme, qui l’avait d’ailleurs encouragé à envoyer son dossier.
dans ce monde où on prône l’équité, surtout en art, est-il normal de décider de la pertinence d’un dossier sur l’âge de l’artiste? parfois on commence notre carrière assez tard. ce n’est pas tout le monde qui a fait le bac en arts visuels et le chemin habituel qui s’en suit.
est-ce que mon travail est moins intéressant pour autant?
«emerging by 30, mid-career by 40, late-career by 60. If you fall behind, step off, or return later, the system doesn’t know what to do with you.»
comme si on devait absolument avoir fait une carrière d’artiste sans s’arrêter depuis 40 ans et plus. mais il y a eu la vie, le boulot, la famille, obligations diverses, etc. nous sommes quoi alors? dans quelle catégorie? pourquoi ne serai-je pas une artiste émergente quand j’avais 50 ans?pour parcourir et remplir plusieurs dossiers en ce moment, je vois que les spécifications sont parfois très précises: quelqu’un qui a terminé sa formation depuis 7 ans. pas plus, ou pour les artistes n’ayant aucune formation, ça veut dire quoi ça? est-ce qu’un workshop est une formation?
bref, oui, il faut lire dans le détail les appels de dossier, car c’est du boulot de monter et de rédiger tout ça. mais si on veut que notre travail soit vu, il faut le faire connaître. maintenant suis-je en carrière «du milieu» (mid carreer)?
«But artists have always modeled other ways of living in time. We change mediums, circle back, recommit. We emerge at 25, at 40, at 70. We resist straight lines. If the art world is serious about equity (as it often claims to be), it has to learn from that. It has to stop equating emergence with youth and start building structures that reflect the multiplicity of artistic timelines.» -
livre:«women in revolt!»
j’avais commandé ce livre de Lynsey Young parce que ça touchait l’art et les femmes. c’est un sujet qui m’intéresse toujours. en le parcourant, j’ai vu qu’il s’agissait en fait d’un ouvrage qui a accompagné une exposition au tate museum (uk) en 23-24. le titre de l’expo était: «women in revolt! art activism in the uk 1970-90». finalement, un sujet assez pointu.

on traverse dans le livre le profil de plus de 100 artistes femmes qui ont créé des pièces très engagées et c’est surtout ça qui est très intéressant. il y avait beaucoup de politisation et d’activisme à cette époque et pas de réseaux sociaux pour les diffuser. nous n’étions pas si proches de l’angleterre dans nos médias à cette période.

à parcourir, sous plusieurs chapitres décrivant les mouvements importants, beaucoup de photos de performances, d’affiches faites avec les moyens du bord, du collage, des installations et tout le reste. c’est très riche à regarder car rien ici n’est fait pour le plaisir des yeux, tout doit nécessairement passer un message militant. il y a bien sûr plusieurs textes à lire qui expliquent le travail de chaque artiste. un livre riche pour cette période de l’histoire de l’art féministe.
-
que faire de mes idées
nous avons beaucoup d’idées. que nous soyons «créatifs» ou non, les idées parcourent notre tête à tous moments.
dans cet article de Rob Schwartz (en anglais), «Write That Sh*t Down», l’auteur indique que lorsqu’il demande à quelqu’un où sont ses idées, cette personne montre son front voulant exprimer qu’elles sont dans sa tête.
ce n’est pas la bonne réponse, ni une bonne idée de les garder seulement là. car les idées s’accumulent et le cerveau fait du ménage sans prévenir. oups, des idées, mauvaises mais aussi bonnes, vont disparaitre à tout jamais.
la solution à ce problème est de sortir nos idées, les bonnes surtout, de notre tête et les mettre sur papier. peu importe comment nous le ferons, une esquisse, des mots, un mélange des deux, un collage, toutes les méthodes sont bonnes. l’idée est de mettre l’information qui sera nécessaire pour que je puisse me relire ou me comprendre. ce n’est pas un concours, personne ne va lire ça. l’important, c’est le lien entre notre idée et nous.
il est documenté que faire le geste d’écrire, d’annoter sollicite une série de sens qui aide à se souvenir de toutes sortes de façons. de plus, une idée sur papier existe, oui elle existe vraiment, même si on ne la fait jamais. mais elle existe et juste pour ça… j’ai toujours un bout de papier et un crayon avec moi.
photo de Yonas Bekele
-
la reconnaissance du travail créatif
est-ce que la reconnaissance de notre travail créatif est importante pour nous? je crois que ça l’est pour tout le monde. pour certaines personnes, le besoin est minime et pour d’autres, cette validation prend une grande place.
des gens se sont penchés sur cette question. est-ce que cette validation nous permet d’avancer?
je ne parle pas d’argent ici, mais quand une de mes pièces est acquise, je suis toujours très très contente et ça devient une véritable motivation à poursuivre. savoir que quelqu’un d’autre que je ne connais pas, veut avoir un de mes livres d’artiste, que cette personne en reconnaît le travail et la pertinence, c’est un sentiment incroyable.
l’auteur Rob Hardy a réfléchi sur ce sujet (lire le début du bulletin «dense discovery»). il a défini deux types de reconnaissance, celle intérieure et celle extérieure.
la valorisation intérieure est de savoir si faire ce travail créatif m’a fait du bien. est-ce que je me sens en lien avec la personne que je suis?. est-ce que ce travail est important dans ma vie?
la valorisation externe est celle des autres, des gens autour de nous, que ce soit par un «like» ou un commentaire. c’est beaucoup pour ça que de participer à des foires est important. c’est une bouffée d’encouragements.
je voudrais préciser qu’un vrai commentaire, quelqu’un qui a pris le temps de nous écrire sur notre travail est vraiment un encouragement qui, pour moi, n’a pas de prix. ces messages sont malheureusement tellement rares, je les imprime et je les conserve pour les jours gris.
-
ça se termine bien… enfin
la mobilisation citoyenne qui nous a occupé tout l’été est enfin terminée. la ville recule finalement devant son projet monstre de logements.
vous ne me sentez pas super excitée? eh bien non. on a passé tout notre été à surveiller un boisé, à le défendre, à essayer de communiquer avec une ville qui ne voulait pas nous parler, à se faire regarder de haut par les élus au conseil de ville. ça prenait une méchante détermination pour traverser tout ça. par chance, nous étions plusieurs, chacune et chacun avait son mandat et je faisais le lien entre tout le monde. on voyait un fil? on tirait dessus pour voir s’il y aurait pu y avoir quelque chose.
je recevais beaucoup de courriels, des questions, des idées, des informations à tous moments. il y avait des lettres à envoyer, des invitations à faire, parler aux médias, il fallait s’organiser pour que les gens se déplacent lors des séances d’informations, des conseils de ville, etc.
j’ai utilisé ma créativité à soutenir la motivation des gens qui voulaient nous aider.
retour dans l’atelier, j’ai commencé à travailler sur un livre pour un appel de dossier pour une biennale de papier en europe. quand j’ai demandé des informations, je sentais peu d’ouverture vers le livre d’artiste. à suivre…

















